A nouveau demain il te faudra te lever. Tu n'auras pas dormi, dans ta tête ce large trou, les derniers spectres de songes abandonnés, noircis de cendres et résonnant encore des menaces de la nuit.
Tu n'auras pas dormi ou peut être quelques trop rares instants, avalée dans une affolante spirale, mangée de fièvre et de ce grand désastre.
Il te faudra t'appuyer contre la table, simplement pour tenir debout. La mécanique des jours, et la plainte, et l'horloge dans sa nudité d'objet immobile.
Le temps atteint le cœur des choses.
Tu sors, muette. Le balcon devient alors le dernier jet de pierre avant la mort. Le balcon : cette élancée solide, juste au dessus du vide où tu voudrais te jeter, comme une égarée, une folle, comme un poids de chair, déjà morte ; une vacuité, c'est tout.
L'histoire se défait. Les portes s'enfoncent sous les coups du sort, et grincent tristement. Le bois seul sait encore la vérité des pleurs et l'innocence.
Tu ne bouges pas. Une nuée de rêves mutilés se déposent sur tes bras nus. Et te rongent, te dévastent, sans jamais que le sommeil ne te soulage de tes maux. Il t'a fallu, sans le savoir, désapprendre la longue chute des paupières, gracieuse et cent mille fois reprises.
Brisure ; ta peau se retourne et le sang palpite, brûlant. Tu ne supporte pas l'absence, dessine d'improbables cercles sur le blanc insolite des failles de cette vie.
Sabordes l'existence. Ce qu'il en reste : si peu. Rien ne vaut, non , rien ne vaut l'informulable folie d'amour. Et se déplient doucement les veilles de souffrance, les matinées errantes de lèvres en soupirs, et les craintes amadouées, les déserts, les longues plaines qui portaient ton nom ce poème, tes tout derniers murmures...
Insomnie. Les méandres d'un fleuve noir qui t'enserre la gorge, c'est une corde de chanvre, tu ne respires plus, la nuit s'éloigne dans d'obscures cargos, il pleut, la ville chiale, salement maquillée des lueurs de l'aube, pastel, tu meurs, je te meurs.
Asphyxie...
Le parfum de la perte. Tu voudrais écrire sur le chagrin, alors tu restes des heures, face à la page blanche, droite comme le clou qui t'arrache le ventre l'âme l'enfance, tu restes droite pour cacher encore que le monde s'écroule, je veux dire à l'intérieur.
Et c'est encore la nuit, il fera tout le temps nuit sur toi désormais, et ton monde flottera dans des caves humides et des barques sans fond. Tout sera brume.
Tu fixes le mur en priant le sommeil, comme s'il s'agissant d'un Dieu ancien, trônant sur une Olympe fantasmée et légère, un Dieu aimant qui pourrait t'absoudre d'un geste réconciliateur, et laver tes péchés et laver ta souffrance.
Mais tout se dépeuple. Dans tes bras tu bercent tous ces morts, tous ces morts qui n'ont que nom d'un seul.
Une dernière cigarette. Toujours, la dernière. Le dernier souffle de la dernière heure ; l'ultime consomption. Ton visage se creuse, c'est une ombre que ma mémoire déjà ne saurait distinguer.
I can't breath anymore.
Alors à mon tour, je trace des cercles dans l'infernale ronde du manque de sommeil. Du manque, indicible, de souvenir de toi...
Tu n'auras pas dormi ou peut être quelques trop rares instants, avalée dans une affolante spirale, mangée de fièvre et de ce grand désastre.
Il te faudra t'appuyer contre la table, simplement pour tenir debout. La mécanique des jours, et la plainte, et l'horloge dans sa nudité d'objet immobile.
Le temps atteint le cœur des choses.
Tu sors, muette. Le balcon devient alors le dernier jet de pierre avant la mort. Le balcon : cette élancée solide, juste au dessus du vide où tu voudrais te jeter, comme une égarée, une folle, comme un poids de chair, déjà morte ; une vacuité, c'est tout.
L'histoire se défait. Les portes s'enfoncent sous les coups du sort, et grincent tristement. Le bois seul sait encore la vérité des pleurs et l'innocence.
Tu ne bouges pas. Une nuée de rêves mutilés se déposent sur tes bras nus. Et te rongent, te dévastent, sans jamais que le sommeil ne te soulage de tes maux. Il t'a fallu, sans le savoir, désapprendre la longue chute des paupières, gracieuse et cent mille fois reprises.
Brisure ; ta peau se retourne et le sang palpite, brûlant. Tu ne supporte pas l'absence, dessine d'improbables cercles sur le blanc insolite des failles de cette vie.
Sabordes l'existence. Ce qu'il en reste : si peu. Rien ne vaut, non , rien ne vaut l'informulable folie d'amour. Et se déplient doucement les veilles de souffrance, les matinées errantes de lèvres en soupirs, et les craintes amadouées, les déserts, les longues plaines qui portaient ton nom ce poème, tes tout derniers murmures...
Insomnie. Les méandres d'un fleuve noir qui t'enserre la gorge, c'est une corde de chanvre, tu ne respires plus, la nuit s'éloigne dans d'obscures cargos, il pleut, la ville chiale, salement maquillée des lueurs de l'aube, pastel, tu meurs, je te meurs.
Asphyxie...
Le parfum de la perte. Tu voudrais écrire sur le chagrin, alors tu restes des heures, face à la page blanche, droite comme le clou qui t'arrache le ventre l'âme l'enfance, tu restes droite pour cacher encore que le monde s'écroule, je veux dire à l'intérieur.
Et c'est encore la nuit, il fera tout le temps nuit sur toi désormais, et ton monde flottera dans des caves humides et des barques sans fond. Tout sera brume.
Tu fixes le mur en priant le sommeil, comme s'il s'agissant d'un Dieu ancien, trônant sur une Olympe fantasmée et légère, un Dieu aimant qui pourrait t'absoudre d'un geste réconciliateur, et laver tes péchés et laver ta souffrance.
Mais tout se dépeuple. Dans tes bras tu bercent tous ces morts, tous ces morts qui n'ont que nom d'un seul.
Une dernière cigarette. Toujours, la dernière. Le dernier souffle de la dernière heure ; l'ultime consomption. Ton visage se creuse, c'est une ombre que ma mémoire déjà ne saurait distinguer.
I can't breath anymore.
Alors à mon tour, je trace des cercles dans l'infernale ronde du manque de sommeil. Du manque, indicible, de souvenir de toi...
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