dimanche 6 décembre 2009

Valse morte

Ritournelle aux notes
l'impact lourd de ta propre mort
décuplé par l'absence des respirations
du chant dernier.

Sur la ligne de fer,
une poupée
qui tangue et qui tombe,
le tank et la tombe,
elle tourne
et c'est toujours la même image sous ses yeux de sésame
qui revient.

La même image du monde autour,
cent fois présentée,
et ses pieds d'enfant dans le vide aérien,
en rond.


Le piano vaincu, égrène ses derniers mots, ronds comme des noires, liquides et doux.

La musique à trois temps, trois fois tue,
tristement arrêtée sur une croche pendue,
sur un crochet de paon,
la poupée fait la roue sous ses boucles de blonde facile. Fille.

Refrain inconnu - triptyque sonore aux millions de reprises,
le clavier d'ivoire et deux mains promenées, une ballade, un champs,
on n'en voit pas le bout, on ne sait pas les bras le dos.

Il n'y a personne.

Personne que cette poupée tournant,
aveugle et sourde,
sur un cercle de lumière fauve.


Elle avait l'air ailleurs,
l'air d'un caillou qui se tient à la pente,
au souffre et au calcaire,
sur une ultime falaise.

L'air des âges immortels,
qui en tête se chuchote et se rejoue,
pour ne pas oublier.

Reflets moirées d'une paupière de morte,
alanguie sur un divan passé.

L'enfant de cire laisse choir l'adieu,
elle s'efface.

Alors, my sweet melody,
il me faut te taire.

Prendre au corps les membres séparés,
la mèche que l'on garde,
et réentendre au fond de mes sommeils pâles,
ta voix.

Et sur la grande place du culte de l'enfance,
retraçant le cercle fauve,
on rejouera ensemble la marche des cuivres...

au défilé des jours,
à ton départ.

Taire
tes bruissements de tôle froissée,
que fait parfois ta peau malhabile et aimée,
quand une main la touche et la plie.

Sentir l'intense solitude,
dans le froid qui résonne du grand couloir.


Les morts sur les tableaux,
ont les yeux d'un souvenir, et ne parlent plus.
Les morts sous la couche vernis ont l'œil chagrin et la bouche pleine,
d'un secret tû, d'une valse avortée, et d'une blanche.
Les morts ne disent rien, ils restent sans bouger,
stoïques et dignes dans le cadre d'or,

alors que je danse à l'abandon,
danse trois fois dans le couloir déserté,
et que la nuit s'agrippe à mes chevilles, mes poignets,
et que je tombe, sans bruit, dans les crevasses de la mémoire morte,

Alors les cordes pleurent, grincent, chantent,
un deux trois,
les temps perdus de la valse fantôme,
un deux trois,
de la valse manquée.

1 commentaire:

  1. J'aimerais attraper tes sons pour m'en inspirer lorsque je me lasse, lorsque je m'ennuie. On s'est ratées sur Paris, tant pis, je n'anticipe jamais, tant pis. Je t'embrasse.

    RépondreSupprimer