mercredi 4 novembre 2009

et crie...

L'imminence de l'écrit.

Il y a de la vigueur, un poids, une certaine tension de l'âme qui, en coulisse, se prépare à se saisir d'un désert, d'un espace extérieur à elle-même, et pourtant concomitant.
C'est le prolongement silencieux d'un grand cri - grito, et l'on entend jusqu'au crissement de craie - longtemps confiné, épris de ses cloisons et pourtant haïssant sa frustre geôle, pauvre cri voué à côtoyer la palpitation de cœur la palpitation et le poulpe du sang pas encore rouge.
C'est ce cri, physique, ce glapissement de noyé, qui vient soudain au jour. Il n'y a pas de prescience de l'écrit, on ne programme ni ne demande aucun trajet dans la langue, j'entends par là itinéraire, trajet précis avec lignes blanche et sèche, délimitation.

L'écrit frôle la perte, en maraudeur des territoires de la non-conscience, comme ils disent, il abandonne la raison, se lance en page. Le voilà phrasé, aphone mais déposé, et c'est par incidences, par exodes des mots ou miracles du verbe que des îlots de sens ou de folie se forment, et que la mer du monde-poème trouve, enfin, l'état liquide originel.

La fonte des glaces sonores, et ses stridences de neige . En offrande elles proposent leurs engelures, radeaux maudits en dérive sur le cours pâle du roman-fleuve ; comme la trace creusée d'une tristesse de poudre, qu'à l'aurore on dissipe dans les flots.

Car la langue coule.

Elle cogne, aussi, bien sûr, vibre et arrache et pioche, crible des voyelles et trépane et violente. Fracasse et délie.

Lasse, elle s'écoule et se pointe. Membres cloués, a verbale.

Alors au zénith la marée morte se retire...

1 commentaire:

  1. coucou!
    sympa ton nouveau coin, j'aime bien aussi tes écrits exotiques au gout de sable.
    c'est bien que tu recommences un peu à écrire.
    bises

    nini

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