vendredi 13 novembre 2009

L'offense à Mae Khong

Indécence.
Ne pas lui plaire.
Tirer ce bas noir et velours, cette main brune de tissu à peine, qui monte au genou,
et puis déballer les chairs sombres et roses aux plis, comme un secret trahi violé.

Une descente
de la ligne du cou au lit du fleuve encore éteint, là entre les frêles collines souples où coulera bientôt l'oued secoué de vos salives désapprises.

Dépendance,
de la surface courbe et pétrie cent fois, là où tu viens te perdre en cheveux et en parfum, sans parure et sans masque tu cries son nom de Venise.

Incandescence.
Ce qui brule la paume écœurée d'être encore saisie par un ventre nouveau, ce ventre apparu en grotte rouge et tremblante et douce, sous la dentelle déchirée devenue la dernière absente.



Tu t'éloignes de la plaine du Mékong, dans cet étirement où la veuve noire te maudit en silence, mangeant le pain rongeant le fer, à peine debout sur les eaux calmes.

Il n'y a pas de mot pour toi,
et à l'infini elle retire ses bas la jeune fille nue ; et ses yeux se perlent des fleuves méconnus de toi.
Tu ne reconnais rien.

Le vent s'acharne à envoler ces pleurs.Tu ne la reconnais pas.
Tu n'entends que ses mots qui résonnent et qui claquent :
Sông Cửu Long, Sông Cửu Long, Sông Cửu Long.

C'est comme le chant des âges, des pères et des pays, des milles pays traversé de son lit, bercés de ces eaux.

et l'écho de sa voix porté dans ton ventre douloureux,
te revient, te hante :
Sông Cửu Long, Sông Cửu Long...

Elle n'aura pas eu d'autres mots la jeune fille.

A genou elle implore : Mae Khong,
ô Mère de tous les fleuves,
pardonne mon offense.
et dans sa nudité de terre elle disparait,

te laissant seul et désemparé.

et le souvenir du crime étrangle ta solitude.

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